mardi 1 décembre 2009
DARK HERESY – MAGGOTS IN THE MEAT : RESUME, PART.6
Les acolytes des deux unités se retrouvèrent en Osquie mineure, au-delà des frontières d’Ascandia, à la lisière du Duché de Nunka. Le Pellenshir se posa doucement dans la clairière abritée où patientait la navette de Strygos et de ses compagnons, l’air brûlant de ses réacteurs fouettant et embrasant les herbes hautes.
Graham Strygos salua Zek et lui demanda des nouvelles de son inquisitrice. L’assassin d’Ark-Ashtyn le remercia de sa sollicitude sur un ton ironique, ce qui n’échappa pas à son homologue. Les deux groupes se concertèrent alors, étudiant leurs possibilités d’action.
Ils avaient découvert lors de leurs investigations en Evaness que les mines d’Electrogyre étaient désormais détenues par l’Honorée Guilde de l’Alliance Céleste. Un mandat impérial lui avait été alloué par l’Administratum pour lui garantir le monopole du marché. Mais ce n’était pas tout. Les archives mentionnaient un début d’exploitation bien antérieur à la découverte officielle du minerai. Les gisements avaient été enregistrés en 806M41 dans les registres, mais les premières excavations avaient commencé en 775M41. Et les propriétaires de ce gisement étaient le Clan O’Dientro…
Ils avaient aussi assisté à d’inquiétants préparatifs de guerre. La Synarchie Evanessine et son Prince Polémarque craignaient les velléités belliqueuses d’Orcan. On murmurait que le Régent souhaitait lancer une croisade contre Evaness, avec pour seuls enjeux le contrôle des mines d’Electrogyre et le maintien du Royaume d’Ascandia en tant qu’interlocuteur privilégié d’Acreage auprès des autorités impériales.
Qui contrôlait les mines disposerait des faveurs de l’Imperium…
D’après les recherches de Pericycllos, l’Electrogyre était un matériau psychoactif et psychocinétique. Maniée par un épéiste, une lame d’Electrogyre pouvait projeter une force cinétique induite par le seul mouvement de l’arme. Même esquivée par l’adversaire, l’attaque d’un bretteur pouvait infliger des blessures et des concussions par la seule force dégagée par le passage de l’arme.
Mais ce n’était pas tout. L’Electrogyre avait une propriété particulière. Manié par un Psyker, un objet de ce matériau entrait en résonnance avec tout autre objet issu du même gisement, mais pas d’un autre. Ainsi, les Psykers pouvaient activer, de manière télécommandée et sans restriction de distance, des mécanismes situés à l’autre extrémité de la galaxie par leur seule pensée. Mais aussi toute une série d’instruments, séparés par des distances faramineuses et précisément au même instant, sans délai aucun entre les dispositifs. Deux Psykers pouvaient dialoguer entre eux sans passer par un astropathe, même éloignés de milliards de kilomètres…
De leur côté, Constantine et ses compagnons leur parlèrent de leurs découvertes, et de la localisation de Vestra. Un temps, toutes les inimitiés entre les deux unités disparurent, alors qu’ils coordonnaient leurs efforts pour mener à bien leur mission.
Malgré toutes leurs précautions, ils s’aperçurent qu’ils avaient été vus par la population locale. Un osquien se présenta à eux en rampant, les mains en prière au-dessus de sa tête courbée. Il s’adressa aux acolytes comme s’ils étaient des dieux. Pericycllos parvint à traduire ses paroles. Cet humble paysan souhaitait que les « Chevaucheurs de Dragons » l’accompagnent pour reprendre la « bête » qu’ils lui avaient confié, et qui dévorait le fruit de ses récoltes, buvait le sang noir de la terre et empêchait ses troupeaux de se reproduire. Ils comprirent vite que les dirigeants de la Théocratie Osquienne lui avaient offert une machine. Une machine pour accroître ses rendements, où il versait son blé et récupérait les graines triées.
L’industrialisation galopante de cette région faisait écho à la politique de modernisation d’Orcan… Les Théocrates avaient peur des ambitions que pouvaient nourrir le Régent, et ne pouvaient se laisser distancer technologiquement parlant. Ils avaient semblait-t-il eux aussi entrepris d’introduire des machines dans les diverses strates de la société. Mais les réformes étaient trop rapides, forcées, et n’étaient pas suivies par une politique d’éducation ou de formation efficace. Les superstitions étaient encore fortement ancrées, et le peuple était arraché brutalement d’une ère de mythes et de folklore pour entrer dans un âge de progrès technologique…
Ils laissèrent le fermier à ses angoisses. A travers ses larmes, ce dernier regarda avec terreur les « dragons » s’élever dans le ciel, leurs gueules auréolées de flammes infernales. Il resta là, pantelant et tremblant, laissant les vents déchaînés frapper son visage…
Sur le trajet, Pericycllos envoya une requête d’assistance dans tous les systèmes voisins, avec pour objectif d’attaquer le vaisseau du soi-disant Mortus-Charonis qui orbitait encore autour de la planète. Un contingent du Divisio Immoralis, une section spéciale de l’Adeptus Arbites spécialisée dans la traque d’hérétiques, répondit à l’appel et envoya un vaisseau pour engager le vaisseau ennemi.
Lorsqu’ils arrivèrent à Olrankan, les acolytes eurent la mauvaise surprise de se faire recevoir par une délégation de la Garde Palatine. Orcan les attendait, sous bonne escorte, fulminant comme jamais. Il entra en trombe dans le Pellenshir, tressaillant de dégoût en posant les yeux sur l’architecture Xeno du vaisseau. Et tira son épée.
Venria se dressa face à lui pour lui barrer le passage, devinant la raison de sa visite. Orcan se figea soudain, et posa des yeux horrifiés sur elle. La Sororitas vit l’épée du Régent luire d’une pâle lueur bleutée. Quelqu’un derrière elle hoqueta de surprise. Ses yeux dérivèrent vers ses propres bras. Des lignes entrelacées couraient sur sa peau en délicates arabesques, illuminées d’une lueur bleuâtre… Elle fut prise de vertiges, et eut l’impression désagréable qu’on lui comprimait le cerveau.
Dakka vit l’épiderme de Venria se couvrir de tatouages bioluminescents. Son visage, ses bras… tout son corps semblait palpiter de la même lueur qui filtrait de l’épée. Venria cria. Orcan leva sa lame, aussi étonné que l’acolyte, et fit un pas en arrière, puis un autre... La peur se lisait dans ses yeux.
La lumière disparut petit à petit de l’arme et de la peau de Venria. La Sororitas posa une main sur le mur du vaisseau, clignant des yeux. Une terrible lassitude passa sur elle, et elle se sentit accablée par la solitude, le doute… le profond sentiment d’être abandonnée, comme si soudain, le monde perdait son sens, se brisait sous ses yeux. Puis l’impression reflua.
Constantine posa une main sur son épaule et s’avança.
- C’est moi que tu cherches.
- Ainsi, c’était vrai… Tu oses revenir, Narsès ! Tu aurais mieux fait de rester hors de portée de mon influence ! Cette fois-ci, je ne te laisserai pas filer. Tu vas regretter cette erreur ! Gardes !
Six soldats avancèrent à l’unisson, brandissant leurs hallebardes.
- Oserais-tu t’en prendre à un serviteur de l’Inquisition, Orcan ? Feras-tu cette erreur ?
Orcan le toisa, grimaçant de haine. Les soldats s’étaient figés sur place. Constantine le dévisagea. Son ennemi. Le meurtrier de ses parents. Il vit l’arme qu’il tenait. Horizon, l’épée de son père. De leur père… Il sentit la haine passer en lui, bouillonner… Sa main chercha la garde de son épée. Mais il retint son bras.
- Nous avons à discuter, mon frère.
Orcan écarquilla les yeux. Ses yeux dardèrent vers ses soldats, puis de nouveau sur Constantine. Ce dernier lui indiqua de la main une pièce du vaisseau.
- J’imagine que tu préférerais un tête-à-tête ?
- Si tu tentes quoi que ce soit, servant de l’Inquisition ou non, ma garde aura ta tête.
Les deux hommes passèrent la porte en se jetant des regards venimeux…
Ils se toisèrent un long moment, pleins de fiel et de morgue. La mâchoire serrée, Constantine laissa défiler ses souvenirs. Sa rage, sa vindicte, sa détresse… Il les laissa le submerger complètement. Il les laissa noyer son ancien lui. Il ferma les yeux alors qu’il faisait le deuil de sa vie passée. Lorsqu’il ouvrit les yeux, il exhala longuement, et avec, souffla au loin ses anciens souhaits, ses anciens rêves… et prit sa décision.
- Je suis Constantine Marsimus, acolyte au service de l’Inquisiteur Magnus Roake, du Saint Ordo Hereticus. Et je ne suis là que pour une seule chose. Traquer un hérétique…
Au dehors, sous couvert de leur autorité, les acolytes questionnèrent un officier de la milice. Il y a quelques heures, au moment de l’offensive sur l’entrepôt du Mortus-Charonis, les cinq vaisseaux qui avaient déposé les deux cent cinquante agents de la secte, avaient redécollé sans autorisation et tenté de pénétrer l’espace interdit. Deux avaient été abattus, mais trois autres étaient parvenus à rallier le continent.
Les trois vaisseaux avaient rejoints l’Almighty Sun au Canal de l’Aquila et avaient cherché à les rembarquer à leur bord. Le Seigneur Gurst avait décidé d’intervenir, avec une force armée de mille hommes. De nombreux prêtres furent tués en dépit de leur résistance acharnée. Mais près de cent cinquante sectateurs étaient parvenus à remonter à bord, emportant avec eux un étrange appareillage.
Les canons des vaisseaux et les armes sophistiquées des adversaires avaient causé de lourdes pertes parmi les assaillants. Deux cent cavaliers et quatre cent fantassins avaient péri, contre seulement cent des leurs. Les vaisseaux étaient alors partis vers le nord-ouest en survolant les terres Angelus. Sans l’arrivée dans leur dos des renforts envoyés par la garnison méridionale de la Maison Angelus, le nombre de morts aurait été bien plus élevé…
Puis le Régent avait reçu une communication d’un certain Coriolanus Vestra, lui intimant de lui livrer Constantine Narsès s’il voulait éviter plus d’effusions de sang.
Profitant qu’ils étaient seuls, Pericycllos lorgna du côté de Venria.
- Pourriez-vous m’expliquer, ma chère, pourquoi vous semblez arborer des tatouages d’Electrogyre, qui plus est du même gisement que celle qui a servi à façonner l’épée du Régent ?
Venria se détourna sans même lui répondre. Elle n’avait pas la réponse à cette question…
Quelques minutes plus tard, Constantine et Orcan sortirent enfin. Si l’animosité se lisait encore dans leurs yeux, une entente semblait avoir été trouvée. Les troupes du Régent allaient prêter assistance aux acolytes pour un assaut sur l’ancien palais Narsès.
Les deux hommes se séparèrent pour organiser leur assaut conjoint. Constantine soupira. Il n’avait pas eu d’autre choix que de laisser Orcan déclarer les insurgés traîtres s’ils ne déposaient pas immédiatement les armes. N’étaient-ils pas financés par Coriolanus Vestra, à travers ces prêtres du Mortus factices ? Tel avait été le prix de sa coopération…
Pericycllos et Boucles d’Or étudièrent les banques de données récupérées à la morgue du Mortus. Du moins celles qu’ils étaient parvenus à sauver ou à restaurer informatiquement… En croisant les références, le montant des sommes, les cargos utilisés pour faire transiter les armes et les provisions, ils découvrirent l’identité véritable des prêtres du Mortus-Charonis.
Le Syndicat Amaranthien.
L’Amaranthe était le nom d’une alliance interstellaire de commerçants, de guildes de commerce, de familles nobles, de maisons marchandes mineures, de capitaines chartistes et de clans Void Born. Issu de l’Abysse d’Hazeroth, ce syndicat s’implantait désormais dans l’Etendue Josienne, et malgré leur expansion économique fulgurante, il était encore considéré comme une fédération secondaire par les autorités du Secteur. Mais des rumeurs avaient vu le jour. Certains employés de l’Arbites avaient mis en lumière des pratiques douteuses et des négoces illégaux. On parlait entre autres d’actes de piraterie, de commerce de xeno-artefacts illicites... Le Cartel avait acquis au fur et à mesure des décennies une réputation sinistre.
Pericycllos leur fit part des dernières rumeurs à leur sujet. Si cette ligue se donnait l’apparence d’un vague rassemblement de marchands indépendants, on murmurait qu’elle était en réalité structurée de manière pyramidale, avec à sa tête les mystérieux et chimériques Principati. Aucune preuve n’avait jusque-là été découverte, et l’organisation n’avait jamais été inquiétée dans son ensemble. Seuls les contrevenants directs avaient été exposés à la sainte justice et au châtiment intransigeant des Hauts-Juges de l’Adeptus Arbites, mais les chambres procédurales ne désespéraient pas de condamner la totalité de cette coalition mafieuse.
Il n’était pas étonnant que des membres de ce syndicat se fussent acoquinés à Coriolanus Vestra, ni que ce dernier fît appel à eux, car ils plaçaient le profit avant toute autre chose, et avaient des moyens conséquents à leur disposition. C’était un groupement impitoyable, qui ne reculait devant rien – chantage, extorsion, meurtre, corruption… – pour parvenir à ses fins.
Constantine observa les mouvements de troupes en contrebas. Il les regarda se positionner en rangs impeccables, avec une ferveur et une rigueur toute impériale… Le ciel était clair sur la pointe du Cimier, l’archipel qui marquait la séparation entre les eaux saumâtres des marais et les flots salés de la Mer des Cendres. Orcan y avait érigé sa nouvelle académie, au sein d’une forteresse cyclopéenne. Des mouettes piaillaient dans le pâle azur. Il les regarda dériver longuement au-dessus de sa tête, scrutant les ombres de leurs ailes déployées… Puis les réacteurs hurlèrent.
Le Pellenshir s’éleva dans les airs au milieu de myriades d’autres vaisseaux. A leur bord, les troupes d’élite d’Orcan. Quatre mille hommes formés à l’Académie réformée, au maniement des armes à distance et aux tactiques militaires impériales. La nouvelle génération de soldats et d’officiers aux standards des forces de défense planétaire, pour remplacer les chevaliers désuets, cavaliers archaïques et autres fantassins surannés…
Les barges de débarquement s’élancèrent au-dessus de la mer cendrée telle une nuée de monstres ailés, et Constantine regarda l’armada filer droit vers ses anciennes terres et son ancienne demeure. Vers là où tout avait débuté.
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