jeudi 3 décembre 2009
DARK HERESY – MAGGOTS IN THE MEAT : RESUME, PART.8
- Viens à moi, mon enfant. N’aie pas peur. Je ne te veux aucun mal.
Constantine cligna des yeux, et il sentit la soudaine et violente pulsion d’aller le retrouver. Mais la sensation reflua petit à petit, remplacée par une vague de sueurs froides... Le visage disgracieux de Coriolanus Vestra se durcit, vraisemblablement contrarié. Il retira son épée noire du sol et descendit les quelques marches de l’estrade.
- Viens à moi. Joins-toi à moi, et tu recevras ton véritable héritage. Le sang du Héraut coule dans tes veines…
Le pachyderme vint lentement à leur rencontre, tendant vers eux une main ornée de lourdes bagues dorées. Seuls étaient perceptibles les sons ténus de ses pas effleurant le sol, dans un doux froissement de robes. Les acolytes encadrèrent Constantine. Venria s’avança brusquement, braquant son fusil à pompe sur le mastodonte. Strygos la ramena à la raison.
- Il nous le faut vivant !
La Sororitas étouffa un juron, et tressaillit lorsque la pointe de l’épée tronçonneuse heurta le sol. Le prêcheur continua d’avancer, les dents acérées de sa lame raclant sur les dalles, dans un crissement suraigu. Il souriait toujours. Une grimace avide et vicieuse…
- Qu’il aille se faire foutre !
Plex s’avança et tira sans semonce sur l’hérétique. La balle toucha le faux prêtre à l’épaule, projetant une fine bruine de sang, mais Vestra ne sembla nullement affecté. Il se tourna vers le gêneur tandis que ses yeux s’illuminaient d’une lueur verte.
- Meurs !
Une décharge biomantique fouetta l’air devant lui, projetant des tentacules glauques de plasma vers Plex et menaçant de le vitrifier. Mais les appendices éclatèrent avant de le toucher, comme balayés par une force invisible. Vestra gronda en se tournant vers la silhouette voûtée et encapuchonnée qui s’avançait parmi les acolytes. Ragaana recula d’un pas en sentant l’aura de Boucles d’Or lui donner des nausées…
Les yeux de Vestra s’écarquillèrent soudain. Un grondement guttural résonna dans sa gorge.
- Vous avez osé amener une intouchable ?
Avec une rapidité étonnante vu sa corpulence, il enclencha et leva son épée tronçonneuse. La lame rugit, vrombissant comme si les portes de l’enfer s’étaient soudain ouvertes. Venria dégaina sa lame et vint parer les dents grondantes, mais son épée fut presque emportée sous la violence du choc. Elle tituba, désarçonnée par l’impact, et chercha à bloquer une nouvelle attaque avec son épée fissurée. Mais Coriolanus avait déjà soulevé sa lame, et l’abattit de nouveau vers la techno-adepte.
Ragaana recula, impuissant en présence de Boucles d’Or. Plex, Dakka et Constantine tirèrent sur le prophète, qui esquiva certains tirs et en encaissa d’autres. Zek vit la servante de l’Omnissiah esquiver l’attaque, mais remarqua aussi la vitesse phénoménale avec laquelle les plaies de Coriolanus Vestra se refermaient une fois hors du rayon d’action de l’intouchable.
Graham Strygos et Urdos Garm vinrent presser Vestra pour le conserver à la lisière de l’influence de la paria. Hurlant de fureur, le prêtre renégat asséna des coups rageurs dans leur direction. Les dents raclèrent l’armure et la chair du prêtre du Macchabeus, l’envoyant bouler contre le mur. Dans sa chute, il heurta un brasero, qui enflamma un épais rideau.
Dans la lueur grimpante des flammes, Vestra porta un nouveau coup, que la techno-adepte ne parvint pas à éviter. L’épée vrilla en déchirant sa tunique et crissa contre du métal. Elle s’effondra dans un suintement de liquides huileux. Alors que la main du traître cherchait à agripper Constantine, Zek enfonça l’une de ses lames dans le coude de l’hérétique. Strygos frappa les tendons de sa cheville et parvint à les sectionner. Venria plongea sa lame dans son épaule, lui faisant lâcher son épée, qui claqua sur le sol et continua de s’agiter quelques secondes avant de s’éteindre. Quint enfonça un couteau dans son dos.
A genoux, Vestra hurla de douleur. Encore dans le rayon d’action de l’aura de Boucles d’Or, qui se redressait péniblement sur son coude tout en retenant l’épanchement de ses boyaux mécaniques, ses blessures ne parvinrent pas à se refermer. Son regard devint hagard, alors que de la bave coula de sa lèvre inférieure. Sa tête dodelina lentement en avant, et il s’affaissa sans pour autant tomber au sol, recroquevillé mais retenu à genoux à cause des replis de sa graisse.
Ragaana tenta de contenir la nausée. Mais son corps était encore affaibli par les contrecoups du Warp qu’il avait subis. Il se souvenait de sa période de coma, de ses délires enfiévrés…
Il était à genoux, et contemplait le globe luminescent d’une planète depuis la baie vitrée. Son regard survola sa surface, et parcourut, sous les spirales de ses nuages, les étendues sauvages de ses déserts, ses savanes, ses chaînes de montagne colossales et ses vallées monumentales… Seules les zones septentrionales et méridionales extrêmes laissaient entrevoir des forêts sombres. Orbitant autour de la planète, une lune ténébreuse dérivait lentement… La seule partie illuminée du satellite, un mince croissant dessiné comme une griffe, révélait l’atmosphère viciée de ses marécages bruns et jaunâtres. Tout autour du vaisseau, une flotte titanesque patientait, comme figée dans le vide de l’espace.
Une présence se tenait à ses côtés. Une silhouette massive, impériale. Le Primarque contemplait lui aussi le satellite décrire son arc gracieux, à travers les vitres blindées et polarisées.
- Davin.
Horus se tourna vers lui, majestueux, glorieux, auguste... Il portait un ensemble de robes lacées par des cordelettes d’or blanc et de cuivre, sur une armure faite de plaques de couleur vert émeraude. Sur son plastron, la pupille fendue de l’œil du Maître de Guerre luisait dans la pénombre.
- Mes derniers souvenirs et mes derniers jours de gloire, avant que mon nom ne soit entaché à jamais par l’infamie…
Les yeux du Primarque se reposèrent à nouveau sur la sombre lune, dont la faucille éclairée s’étiolait lentement, alors qu’un voile de tristesse et de regret passait sur son visage.
- Nous n’étions pas préparés.
Il lui raconta sa lutte contre les armées de morts pestiférés, son duel éprouvant face à son vieil ami Eugen Temba, la douleur que lui avait causé la blessure faite par l’Anathame. La fièvre, les délires… Sa confrontation face aux puissances du Chaos.
- Sa peste avait gangrené ma chair, et cherchait à souiller mon âme. Mais comment aurions-nous pu savoir ? Nous étions totalement ignorants. Leurs visions fissurèrent mes certitudes, et par les brèches créées par mes doutes, ils réussirent à m’atteindre et à se déverser en moi…
- Tu veux quoi, traître ? Le pardon ?
- Non. Je ne cherche nulle clémence. Seulement à expier ma faute, et à réparer mes erreurs. Des nuages sombres s’amassent à l’horizon. La dernière bataille pour l’âme de l’Empereur. Et je compte bien jouer mon rôle, tel qu’il me l’a ordonné.
Soudain, Ragaana entendit un grand fracas faire trembler la porte de la salle d’observation. Il sursauta, se tournant vers le bruit.
- Il est là. Il cherche à nouveau à nous corrompre.
- Qui ?
- Celui que tu as courroucé. Tu as murmuré son nom à l’Anathame, et ouvert une porte par laquelle il peut désormais entrer. Je parviens à le garder au-dehors, mais tôt ou tard, il finira par percer ma volonté…
Ragaana riva ses yeux sur la porte, alors qu’elle était agitée d’une nouvelle secousse.
- Mais ce n’est pas lui que tu dois craindre pour le moment. Il est là, à vous observer. Il vous a suivi, à la lisière entre notre monde et le leur. Et vous allez l’amener droit vers…
Les paroles d’Horus furent noyées dans le silence. Ragaana tourna son regard vers Davin, comme si ses yeux étaient attirés par un aimant. La lune obscure était désormais au centre de la planète, entièrement noire. Un œil, fixé sur lui, terrible et inflexible… Les images perfides de l’Astre Tyran lui revinrent en tête, alors qu’il trônait dans le ciel de Géhenne. Des larmes coulèrent sur ses joues…
Il se tenait parmi eux. Comme s’il avait toujours été là. Mais ils sentirent sa présence bien avant qu’ils ne le virent. Il était vêtu d’une lourde pelisse noire en haillons, dont les lambeaux s’agitaient comme des serpents sur un vent absent. Sous sa capuche, ses yeux étaient entièrement noirs, mais semblaient pourtant contenir toute la lumière des étoiles. Son visage grisé était entouré d’un col de fourrures noires. Sur la surface de son manteau, les acolytes virent tournoyer des silhouettes, des membres, des visages, des corps torturés et faméliques. Ou étaient-ce des plumes luisantes qui frétillaient, noires et lustrées comme celles d’un corbeau ? Ou bien des nœuds de couleuvres entortillées ?
Ses lèvres noires souriaient. Constantine sentit ses boyaux se liquéfier, il claqua des dents, ne pouvant empêcher ses membres de trembler. Dakka resta bouche-bée, incapable de bouger, incapable de respirer. La bave coulait de ses lèvres, et son esprit hurlait derrière ses yeux exorbités. Garm éclata d’un rire fou et malsain, tandis que des larmes coulaient de ses yeux. Quint tomba à genoux, les yeux perdus dans le vague, accablée par un désespoir morbide.
Strygos se lacéra les bras à plusieurs reprises en s’esclaffant, animé par une fureur démente. Ragaana sentit un liquide chaud couler le long de ses jambes tandis qu’il se griffait le visage… Zek cracha de la bile sur le sol couvert de givre. Seule Boucles d’Or se contenta de le dévisager avec animosité.
Toutes les flammes des braseros semblèrent soudain s’éteindre, comme si la présence absorbait la lumière alentour. Une nuit implacable sembla envahir la pièce.
Plex hurla de terreur et rampa jusqu’à un mur. Mais malgré la folie qui s’insinuait dans son cerveau, il le reconnut. Il prononça un nom.
- Calen.
L’homme se tourna vers lui, et sembla soudain songeur.
- Autrefois, peut-être…
Venria pria pour que l’Empereur-Dieu les prenne en pitié. Elle sentit une rage immense l’envahir, et parvint à chasser la terreur de son esprit. Elle hurla en brandissant son fusil, invoquant Sa furie en récitant des psaumes, et tira de nombreuses décharges sur l’intrus, à bout portant… Mais les éclats de shrapnel qui frappèrent le manteau de l’inconnu ne lui firent rien. La surface grouillante de la pelisse fut agitée de remous. C’était comme de lancer des gravats dans une mare profonde. Il continuait d’avancer comme si de rien n’était, insensible à ses tentatives de l’arrêter.
- Très Saint Empereur-Dieu, donnez-moi Votre force !
Elle fit appel à toute sa rage, et sentit une énergie sacrée emplir son être. Elle murmura des prières en levant son épée, et chargea la silhouette d’ombre pour l’abattre de son poing armé du feu divin. L’inconnu se tourna vers Venria. La lame pénétra jusqu’à la garde la surface de son manteau, qui fut agité de tremblements et de vaguelettes huileuses… Puis la lame explosa.
- Tu ne peux rien contre moi. L’Empereur-Dieu est de mon côté.
Le manteau s’anima soudain, et des tentacules d’ombre fouettèrent l’air. Les pseudopodes enlacèrent Venria, qui hurla de douleur en sentant comme des milliers d’aiguilles lui lacérer les bras, le torse et le visage. Le monde tournoya tout autour d’elle, alors qu’elle plongeait son regard horrifié dans celui de l’intrus. Elle y vit des astres, des galaxies… Les rouages complexes de l’univers.
Une bise mordante soufflait sur les montagnes enneigées, soulevant des brumes de poudreuse au-dessus des crêtes rocheuses. Un tunnel avait été creusé dans la roche noire et glacée, et descendait dans les entrailles de la terre. Une succession d’escaliers et de plateformes, que longeaient des séries de statues de saints désormais oubliés, et dont les visages avaient été effacés par le temps. Des cierges et des photophores étaient allumés un peu partout, et de la cire dégoulinait sur des piédestaux et les marches. Le souterrain était large, et le chemin élimé par des siècles de passage.
Elle regarda les figures usées, frissonnant de froid, mais aussi de peur. Une main burinée se posa sur son épaule, et elle leva les yeux. Son grand-père se pencha vers elle, la toisant de toute sa hauteur. Sa petite main vint chercher celle du vieil homme et la serra fort. Il était grand, et fort, et sa présence était réconfortante…
- Tu dois être forte, petite…
Elle hurla tandis que les seringues perçaient sa peau. Elle tenta de se débattre, mais elle était clouée sur la table d’opérations, agrippée par d’épais liens de cuir et de métal. L’homme aux yeux perçants était penché sur elle et lui caressait la tête, tandis qu’une structure métallique armée de dizaines de bras mécaniques terminés par des aiguillons ponctionnait sa chair en de multiples endroits. Au-dessus des méchadendrites, des cuves transparentes étaient emplies de liquide bleuté, mais au gré des piqûres, leur niveau baissait. Il entendit la voix de son grand-père.
- Atxet !
L’homme aux yeux perçants le toisa avec détermination.
- Elle va bien, Harald.
- Doit-elle souffrir de cette sorte ?
- Nul processus psychoactif ne se crée sans douleur… Elle vivra. Déjà, je sens les pigments du minerai se lier avec son potentiel psychique, et avec ceux de notre… hôte.
- Fallait-il que ce soit elle ?
- Notre sang est devenu faible. Si nous avions pris le garçon…
Elle pleurait, désormais. Pourquoi son grand-père lui infligeait-il tant de souffrance ? L’homme aux yeux perçants se tourna à nouveau vers elle. L’air autour de lui sembla vibrer et tournoyer, tandis que ses pupilles devenaient deux petits points noirs dans ses yeux autrement blancs.
- Tout va bien. Tout sera bientôt terminé.
- La fin est proche, Empereur.
Venria se trouvait dans une salle de trône colossale. En face d’elle se dressait un grand trône d’onyx, surmonté d’un gigantesque œil à la pupille fendue. Le globe était ceint par de grands disques d’or, et pulsait d’une lueur écarlate. Au-dessus du dais et des fresques dorées de scènes de bataille qui couvraient le mur, des bannières élimées d’un pourpre sanguin pendaient depuis des balconnets innombrables. Autour des marches noires de l’estrade, de nombreux corps gisaient dans des mares de sang. Des corps d’Astartes. Elle vit une tête tranchée à ses pieds, coiffée d’un casque arborant un long panache de plumes noires maculées d’hémoglobine. De nombreuses hallebardes énergétiques et lames tronçonneuses jonchaient le sol, certaines brisées, d’autres encore intactes.
D’autres corps, des Astartes eux aussi, étaient difformes et terrifiants, et leur visage était couturé. Les Marines du Chaos arboraient des armures noires et balafrées. Dans leurs mains, des armes ignobles et hérétiques. Des crânes et des visages dépecés étaient épinglés aux rivets de leurs épaulettes.
Elle discerna une silhouette imposante couchée parmi les cadavres… Elle était bien plus grande et massive que les Space Marines, revêtue d’une armure dorée. Une peau de léopard barbouillée de sang couvrait son épaule et une partie de son torse, tandis que deux gigantesques ailes d’aigle, qui lui servaient de cape, étaient étalées sous son corps brisé. Sur son plastron, un cœur embrasé serti d’ailes déployées faisait écho au sang qui couvrait son corps.
Son épée couleur de sang gisait brisée à son côté. Des mèches de ses longs cheveux châtain et trempés de sueur tombaient en travers de son visage, qui affichait une expression de détresse et de tristesse infinies. Un disque d’or auréolait sa tête inclinée, comme un astre aux flammèches dansantes…
Deux armes s’entrechoquèrent.
Alarmée, elle détourna la tête, et vit du coin de l’œil, à travers la baie vitrée, se dérouler une bataille cyclopéenne. Des myriades de vaisseaux bataillaient dans l’obscurité de l’espace. Des croiseurs, des frégates, des barges de bataille s’entremêlaient dans une lutte terrible. Des nefs bombardaient une planète sombre, et sillonnée de nuages jaunâtres et viciés. Ses continents-ruches étaient parcourus de déflagrations monstrueuses, son atmosphère embrasée sous un feu nucléaire…
Une lame énergétique fuma en traçant un arc complexe, ricochant sur un gantelet griffu. Un marteau tournoya avant de s’abattre sur le sol… C’était un duel de colosses.
L’un était paré d’une armure d’or flamboyante et étincelante. Sa cape d’un riche rouge virevolta alors qu’il esquivait une nouvelle frappe de son adversaire. Ses épaulettes étaient chacune ornées d’un aigle aux ailes déployées, et sur son plastron trônait l’Aquila bicéphale de l’Empereur-Dieu de l’Humanité. Son visage était surmonté d’une couronne de lauriers en or, et derrière sa tête, un rapace ambré veillait, inflexible et imperturbable. Il tenait dans sa main droite une épée enflammée, et son poing gauche était enchâssé dans un gantelet aux griffes acérées.
Venria tomba à genoux, alors que des larmes coulaient le long de ses joues.
Face à lui, un titan de métal noir le toisait de toute sa hauteur. Son armure ténébreuse aux lisérés d’or était incrustée de gemmes rouges en forme d’yeux malfaisants. Elle était couverte de crânes et de peaux humaines ensanglantées et pourrissantes. Ses épaules étaient couvertes de fourrures sombres. Son bras gauche brandissait un lourd marteau anthracite riveté d’or, tandis que sa main droite se terminait par de monstrueuses griffes annelées. Sa tête semblait emboîtée dans un cube de métal noir, reliée à son armure par de nombreux câbles cybernétiques. Une lueur infernale émanait de son gorgerin, illuminant son visage hideux d’un éclat démoniaque.
L’épée de feu trancha la tête du marteau, et frappa à nouveau. Le Maître de Guerre beugla soudain, et jeta son arme pour dégainer une épée ignoble. Il para le coup dans un panache d’étincelles.
Le duel continua pendant ce qui semblait être une éternité. La Sororitas pleurait, incapable de contrôler ses émotions alors qu’elle assistait au combat final de l’Empereur son Dieu. Puis elle vit, en étouffant un cri de désespoir, la lame d’Horus pénétrer profondément dans la poitrine du dieu vivant, et lui arracher une gerbe de sang. Elle hurla, supplia.
Il tomba à genoux, tandis que son ennemi levait une nouvelle fois son épée.
- Tu es faible, tout comme l’était ton cher protégé. Prépare-toi à mourir !
Soudain, elle entendit le bruit saccadé d’une rafale de détonations venant de derrière elle. Des bolts crépitèrent sur l’armure du traître, qui détourna le regard une fraction de seconde. Un Astartes s’était relevé, arborant de cruelles blessures, et avait tiré dans un dernier accès de furie. Horus hurla, et une vague d’énergie incandescente vitrifia le pauvre guerrier.
Mais c’était tout ce dont avait besoin le Maître de l’Imperium. Venria vit ses yeux s’illuminer d’un feu aveuglant et son armure se couvrir de givre, tandis qu’il se ruait sur Horus. Il était baigné d’une lueur divine, pure et ardente. Le Champion du Chaos hurla, de douleur cette fois, tandis qu’il posait un genou à terre. Ses traits se déformèrent et reprirent de la couleur. Ses yeux noirs se vidèrent de leur obscurité, et un homme, et non plus un démon, fit face à l’Empereur.
Horus cligna des yeux, dans l’incrédulité et l’incompréhension la plus totale.
- Père…
Puis il remarqua la blessure dans la poitrine de l’Empereur-Dieu, l’épée ensanglantée dans sa main, et ses yeux s’emplirent d’effroi. L’Empereur se contenta de sourire.
- Qu’ai-je fait ?
- Ne t’inquiète pas, mon fils. La blessure que tu m’as infligée n’est pas mortelle. Tout cela, je l’avais vu. Tout cela fait partie de mon plan. Ecoute-moi attentivement, car nous n’avons que peu de temps. Je t’ai choisi car tu étais, entre mes fils, le seul à qui je pouvais confier cette tâche. Ta volonté est forte. Suffisamment pour faire face aux changements et à la tempête qui se profile. Suffisamment pour défier l’influence des puissances tapies dans le Chaos.
- Ainsi, vous saviez…
- J’ai cherché à les détruire, mais j’ai pris conscience avec amertume que la Grande Croisade censée les oblitérer était vaine. Ecoute-moi, Horus, car ce que je vais te dire t’accablera. Ton âme restera emprisonnée durant des millénaires, mais elle sera sauvegardée. Le moment viendra où tu seras libéré. Alors, une grande tâche t’incombera. Celle de livrer la dernière bataille pour le salut de mon âme. Le monde est en train de changer, ainsi que la vérité impériale. Mais cela est nécessaire. Et je me dois de laisser ces changements se produire.
Soudain, Horus convulsa. Son souffle se fit rauque et haletant. Ses traits se tirèrent sous le poids de la souffrance.
- Va, maintenant, mon fils. Ton corps est souillé, mais pas ton âme. Rappelle-toi de cela !
- Père !
Le cri du Maître de Guerre se mua soudain en un feulement éraillé, tandis que son âme était aspirée à nouveau hors de son corps. Ses traits se tordirent à nouveau, retrouvèrent leur pâleur diabolique. Ses yeux prirent la teinte de la braise, puis celle d’une noire fumée. Le visage de l’Empereur se durcit, et l’air se mit à trembler et à scintiller autour de ses épaules.
- Meurs, maintenant, démon !
Un éclair blanc et aveuglant foudroya le corps possédé d’Horus, tandis que sa chair se lézardait et se consumait de l’intérieur. Des runes hérétiques écarlates apparurent sur son corps, mais se brisèrent, tandis qu’un rugissement inhumain jaillissait de sa gorge. Ses yeux fumèrent, sa bouche exhala une fumée nocive… L’Empereur-Dieu plongea sa lame brûlante dans le cou du champion, et transperça sa tête dans un geyser d’étincelles. Une ombre funeste s’éleva en ondoyant au-dessus de son corps.
- Tu périras, homme !
- Disparaissez, engeances impies. Votre chute viendra, j’en fais le serment.
La fumée maléfique se dispersa, et le Souverain de l’Humanité se laissa choir, un sourire sur le coin des lèvres. Il entendit des pas empressés dans le corridor, et les nombreux cris de ralliement de ses loyaux guerriers.
Un autre combattant entra dans la vaste salle. Il était vêtu d’une armure d’or aux entrelacs complexes et surmontée d’un aigle jaillissant. Ses cheveux blancs et courts contrastaient avec le jais de ceux de son père. Il portait un tabard zébré de trois éclairs rouges et tenait une longue épée tronçonneuse au pommeau ailé. Son visage austère balaya la salle et s’emplit de chagrin en voyant la silhouette tombée de son frère. Puis ses yeux dérivèrent vers le corps de son Empereur, et ses traits se muèrent en une expression d profonde horreur.
Il se rua vers son suzerain et s’agenouilla à ses côtés, lâchant son arme pour soutenir ses épaules.
- Maître !
Le visage de l’Empereur-Dieu exprimait de la souffrance, mais demeurait fixé vers le cadavre inerte de son fils bien-aimé.
- Rogal…
- Je vais vous aider à vous relever, Monseigneur.
- Rogal, écoute-moi. Je me meurs. Je ne survivrai pas à cette blessure…
- Non !
- Horus est mort. Sanguinius est tombé. Je ne tarderai pas à les suivre… A moins…
- Que dois-je faire, mon père ?
- Aide-moi à regagner Terra, avant que mes forces ne me quittent…
Le Primarque des Imperial Fists souleva son Empereur et l’aida à marcher vers la sortie pour regagner son oiseau d’assaut. Des Astartes en livrée jaune et portant sur leur épaulette gauche le poing brandi de leur légion s’écartèrent, transis d’horreur. Ils les regardèrent passer en silence, trop accablés par cette vision pour pouvoir parler.
L’Empereur-Dieu se retourna, et sembla fixer Venria. Elle sentit son cœur s’arrêter de battre dans sa poitrine, tandis que les larmes continuèrent d’embuer ses yeux. Et il lui sourit avec affection.
Mais peut-être jetait-il seulement un dernier regard sur ses fils tombés…
Elle tombait. Ses jambes se dérobaient sous elle. Lentement, si lentement. Son regard brumeux fut soudain arraché à celui de l’inconnu, et elle bascula en arrière. Lentement, si lentement. Il souriait, mais son esprit était engourdi, et plus rien ne semblait avoir de sens. Les sons étaient étouffés, ouateux. Un gouffre sombre s’ouvrait sous elle. Un abysse de silence. Le monde semblait vague et indistinct. Ses sens cotonneux se muselèrent un à un. Elle ne sentait déjà plus son corps.
Son regard dériva le long des murs, vers le plafond, alors qu’elle chutait. Sa tête heurta le sol, mais même le choc lui sembla atténué. Alors que la torpeur se refermait doucement sur elle, elle vit le visage d’une femme sur un tableau noirci. C’était une femme aux longs cheveux noirs et au teint de porcelaine. Ses yeux étaient d’un bleu profond, et un mince sourire éclairait ses lèvres pâles. Elle était belle. Un temps, elle crut que c’était un miroir. Elle lui ressemblait tellement… Tellement.
Le puits d’obscurité se referma sur elle.
L’apparition continua d’avancer, et se pencha sur le corps de Vestra. Il leva une main, et la posa sur le crâne du traître. Le prêcheur hérétique hurla en se tordant de douleur. Il s’arqua violemment en arrière, tandis que sa chair commençait à noircir, à se consumer, à s’effriter. Sa peau se fissura et se morcela, ses vêtements s’embrasèrent d’un feu noir. Dans une atroce odeur de viande brûlée, sa chair se carbonisa, s’émietta en cendres, révélant un squelette noirci, qui à son tour se désagrégea en un panache de poussière. Il ne subsista plus qu’un crâne charbonneux dans la main de l’inconnu.
- Je suis le seul Prophète de l’Astre Tyran. Quiconque prétendra le contraire périra.
Le prophète serra la main, et le crâne éclata en des centaines de fragments anthracite. Puis soudain, il disparut comme il était venu, emporté par le néant. Comme s’il n’avait jamais été là. Comme s’il n’avait jamais existé…
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Belle description de la scène de combat entre l'Empereur et Horus, j'aime beaucoup ce résumé dans son ensemble. Merci Magnus ;)
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