vendredi 16 octobre 2009

DARK HERESY – A PATH OF VENGEANCE, RESUME PART. 3




Une barque les emmène en mer. Un voilier les attend au-delà des eaux boueuses des marais. Ils embarquent sur le Southern Pride, un navire confisqué à une famille marchande vassale des Strynn. A son bord, une cargaison de vins d’exception d’un cru très recherché, destinée aux premières noces d’Orcan et de Rhozeia de la part des Strynn.

Tous reçoivent une identité factice, celle des marchands séquestrés et de leur entourage, ainsi que l’accréditation officielle leur permettant d’entrer à Olrankan pour livrer leur marchandise. Corvus sera le marchand. Jadea sa femme. Marcus et Constantine leurs hommes de main. Darius sera quant à lui l’œnologue, l’expert en vins.

Le voyage est morne et déplaisant. Longeant les côtes, le voilier brise les vagues grisâtres sous un ciel menaçant, et plus d’une fois, des averses drues viennent fouetter le pont. Les voyageurs s’entassent alors dans la cabine, en regardant les cordages et les ustensiles tanguer. Vertiges, nausées… Au loin, on peut parfois entendre le grondement du tonnerre, mais la foudre demeure lovée dans les nuages noirs, loin des regards.

Le capitaine est confiant. Ils accosteront à Olrankan en temps et en heure, si l’Empereur le veut bien. Les conversations sont rares, et le silence parfois oppressant, tout juste émaillé par les querelles de Jadea et de Corvus. Ce dernier semble se délecter des réactions de la jeune femme lors de ses tentatives de séduction infructueuses, et semble se ragaillardir à chaque nouveau refus ou rejet. Jadea se fait une joie de le remettre à sa place, tout en conservant une apparence de désintérêt légèrement irrité. Mais le spectateur attentif pourrait de temps en temps observer un discret sourire sur le visage de la jeune femme, au fur et à mesure que leurs altercations deviennent un jeu…

Ce silence laisse aux voyageurs du temps pour réfléchir. Pas assez pour revoir leur plan d’action, trop pour éviter que le doute ne s’insinue dans leurs esprits. Constantine pense à la dette qu’il a contractée auprès de Vladimir Krin. De la somme astronomique qu’il a dû emprunter pour mettre à exécution ses desseins. Il s’interroge sur la fiabilité des mercenaires qu’il a engagés. S’il avait senti en Rickus Blake, le chef de la milice, la fierté du guerrier, Enyo Ditermezzi, l’intermédiaire avec qui il avait dû négocier le contrat, était avant tout un marchand, qui dissimulait derrière son sourire et ses manières pompeuses l’appétit d’un charognard…

Jadea est de plus en plus dubitative sur le sort qui les attend. Rien de ce qu’elle a entendu n’a été convaincant. Corvus, pour sa part, semble au contraire jubiler du rôle qui lui a été confié. Marcus tente comme il peut de contenir sa nervosité. Mais Darius, quant à lui…

Darius a été nommé par Lucati Merrywood car malgré sa physionomie chétive, plus proche d’un clerc que d’un guerrier, il est un assassin et un espion de talent. Psychiquement asservi, il est indéfectiblement loyal. Et Merrywood lui a confié une seconde mission. Observer. Pour le compte d’Orcan. Car ce dernier sait. Il sait qu’un complot le vise. En dernier recours, il a ordre de tuer Constantine, si jamais les choses venaient à mal tourner.

Mais ce que Lucati ne sait pas, c’est que Darius commence à se souvenir d’événements passés. Des odeurs, des sons, des visions troubles dans un premier temps. Des impressions fugaces…

Un soir, une corvette de patrouilleurs maritimes les accoste. Ils vérifient leurs papiers, et après leur avoir confisqué un baril d’un excellent cépage, les laissent passer.

A travers les brumes, Olrankan se dévoile enfin. Une ville, tout d’abord, composée de monoblocs aux standards impériaux enchâssés les uns contre les autres, au creux d’une falaise, et sensés témoigner de la grandeur de l’Imperium, et du nouvel âge dans lequel Orcan menait Ascandia et Acreage. Une ville abjecte, en fin de compte, construite sans aucun raffinement… Puis autour, les faubourgs. Orcan n’avait pu empêcher le bas-peuple de s’agglutiner à la ville. De nombreuses maisons de bois et de chaux avaient été construites dans l’anarchie la plus totale, sur la terre ferme dans un premier temps, puis sur pilotis, à mesure que les terrains se faisaient plus rares.

Le voilier jette l’ancre à l’entrée du port, le temps qu’un bateau de la capitainerie vienne les accoster. Le contrôle est plus sévère, plus minutieux, cette fois-là. Le registre est consulté, leur accréditation examinée… Puis le capitaine ordonne que le Southern Pride soit mené à quai pour une fouille approfondie. Le bateau sillonne les eaux putrides, se frayant un chemin entre une armada de vaisseaux marchands. La tension monte. Des armes sont dissimulées dans certains des barils de vin. Si jamais ils les trouvent… Les passagers, malgré leur réticence, sont placés en garde à vue le temps que leur cargaison soit fouillée et inspectée… Mais heureusement, un scribe arrive, slalomant entre les marins et les dockers, brandissant une autorisation de débarquement. Il se présente comme un envoyé du Sommelier Royal. Les passagers du Southern Pride sont attendus au palais et doivent s’y rendre sur-le-champ. Après avoir regardé le document officiel, le capitaine de la douane laisse filer les conspirateurs.

Le scribe n’en est pas réellement un. Il se présente : Telvius Arenthal, un ancien garde des Niceus, resté loyal envers Rhozena. Celui-ci les conduit vers une bicoque, dans les quartiers pauvres de la ville. Là, dans une cave, trois hommes se pressent dans la pénombre. Lodovian Strynn et Urbis Volentrish, de la garde du palais, et Themos, de la garde de Regalia. Le plan de Constantine se dévoile aux autres conspirateurs. Un groupe, mené par Arenthal, attaquera la cathédrale en même temps que Constantine tuera Orcan. Un autre, mené par Strynn, sèmera le chaos au sein du palais, pour créer une diversion. Les deux autres s’occuperont respectivement de la désactivation des systèmes de défense antiaérienne d’Olrankan et de la prise des canons de Regalia, pour permettre à la flotte de Malissandre Falatrish d’envahir l’ancienne capitale.

Les quatre hommes s’agenouillent devant Constantine, et lui offrent leur allégeance.

Jadea ne peut que reconnaître son erreur : le plan peut fonctionner. Une lueur d’espoir anime les conspirateurs, qui auparavant étaient plus motivés par le désespoir qu’autre chose…

Ils se présentent au Palais et confie la cargaison au Sommelier, et en chemin, trouvent un endroit discret où se changer. Ils se déguisent en moines du Ministorum.

En effet, Orcan a réussi à convaincre le Cardinal Sous-Secteur pour bénir leur union. Et son déplacement s’est accompagné d’une ruée de prêtres et de moines de toute la région. De Fenksworld, de … et d’innombrables autres planètes, ils affluent, et s’entassent dans une aile allouée au Clergé.

Se mêlant aux moines, ils patientent. Le lendemain, ils suivront la procession des prélats, évêques et chanoines à travers la ville, jusque dans la cathédrale d’Olrankan. Ils prendront place dans le chœur, à quelques enjambées d’Orcan et de Rhozeia. Assez près pour les tuer tous les deux avant même que les gardes ne puissent intervenir. En même temps, les loyalistes de Constantine investiront le palais, et les mercenaires qu’il a engagés assujettiront Ascandia.

Dans la nuit, Darius se réveille en haletant. Il a vu les flammes. Les corps morts de ses parents, gisant non loin de lui. Une silhouette portant une épée ensanglantée se penche vers lui… Lui, qui n’est encore qu’un enfant. Lucati Merrywood.

Les conspirateurs marchent dans les rues, silhouettes noyées dans une marée de centaines d’ecclésiastiques encapuchonnés. Leur chant submerge la ville, alors que tout le monde se presse aux fenêtres pour admirer la procession. Loin devant, la chaise à porteurs du Cardinal tangue doucement. Et l’hideuse cathédrale se dévoile enfin, bloc de pierre noire, surmontée du Crâne et de l’Aquila…

Ils entrent, regardant autour d’eux, prenant place sur des gradins surélevés. Par chance, ils sont au premier rang.

Le Cardinal entonne l’hymne à la gloire de l’Empereur-Dieu, repris par les centaines de voix du chœur. Le chant résonne dans la cathédrale titanesque, semblant se perdre dans l’obscurité voilée de fumée du plafond, au-dessus des encensoirs géants…

Quelques prières…

Puis les portes s’ouvrent à nouveau. Les sentinelles se mettent au garde-à-vous, alors qu’entre Rhozeia, dans une robe somptueuse, arborant une longue traine soutenue par quatre chérubins. Elle porte un masque d’or, comme le veut la tradition. Lors de l’échange de leurs vœux, chacun des époux devra retirer son masque, pour montrer son vrai visage.

Rhozeia prend place à la droite du Cardinal, alors qu’une autre silhouette se profile. Orcan, lui aussi portant un masque d’or, vêtu d’un uniforme impérial resplendissant. Il longe les rangs des invités, lentement, et monte les marches pour se tenir face à Rhozeia, à la gauche du Cardinal. D’une voix tonnante, il entonne litanies et prières, alors que la cérémonie suit son cours…

L’échange des vœux, la bénédiction de l’Empereur-Dieu… Vient enfin le moment de retirer les masques. Darius s’approche de Constantine : « Fuis. C’est un piège. » Mais Constantine ne peut renoncer. Pas si près du but.

Les époux retirent leur masque. Ce sont bien Orcan et Rhozeia. A son signal, ils brandissent leurs armes. Et tirent. Les balles fusent. Orcan se retourne, horrifié. Une balle le frappe en pleine poitrine. Une autre en pleine tête. Son visage semble grésiller. Rhozeia subit le même sort. Son visage se trouble, grésille aussi.

Les corps qui tombent sont deux étrangers…

C’est la panique. Constantine enrage, alors que Corvus cherche à le tirer hors de ce traquenard. Mais déjà, les gardes s’avancent. Des décharges laser sifflent autour d’eux. Les fuyards se précipitent vers la porte arrière, bousculent les moines et passant sous les gradins. Des prêtres s’effondrent, frappés par des tirs. C’est la débâcle…

Darius reste à l’arrière, couvrant leur retraite. Mais il s’effondre bientôt, transpercé par les tirs ennemis. Une décharge laser frappe Corvus au visage, juste au-dessus de l’arcade sourcilière. Il hurle de douleur, alors que son œil commence à fondre sous la chaleur. Jadea et Marcus s’engouffrent à travers la porte, pour se retrouver face à une ligne de tireurs qui semblaient les attendre de pied ferme.

Marcus tire, mais est touché à son tour. Il continue de tirer, jusqu’à ce que d’autres tirs ne viennent le réduire au silence. Jadea saute à travers une fenêtre, emportant avec elle des bris de vitraux multicolores. Elle roule et se relève dans les jardins suspendus du palais. Corvus et Constantine parviennent à la suivre à travers l’ouverture.

Mais déjà, des gardes arrivent.

Ils fuient. Les lasers crépitent autour d’eux. Et l’un d’eux finit par toucher Jadea à la jambe. Elle s’effondre, semble incapable de se relever ou même courir. Corvus la tire à l’abri, et l’adosse à un muret. Jadea lui dit de protéger Constantine. Lui seul est important. Corvus, à contrecœur, s’exécute. Non sans une pointe de regret et de peine. La jeune femme sort une lame, pose sa pointe sous son menton. Ils ne l’auront pas vivante. Elle enfonce la dague dans son crâne. Sa tête dodeline, alors que du sang coule sur ses vêtements. Ses mains retombent à ses côtés, inertes.

Corvus et Constantine courent à travers les jardins, empruntent un escalier, sautent au contrebas d’un balcon, s’engouffrent dans un autre escalier. Mais des gardes remontent vers eux, et d’autres sont à leurs trousses. C’est une situation désespérée.

Constantine capitule. Ils sont faits comme des rats. Il lève les bras en signe de soumission, criant qu’ils se rendent. Mais Corvus ne l’entend pas de cette oreille. De son œil valide, il regarde en contrebas les flots putrides. Bondit sur une balustrade. Et saute dans le vide… Sa silhouette disparaît dans les eaux brunâtres, plusieurs dizaines de mètres plus bas.

Les gardes arrivent à côté de Constantine et l’encerclent. Constantine va pour les amadouer… Mais trop tard, une crosse de fusil le cueille sous l’œil. Il s’effondre, inconscient.

De l’eau froide frappe violemment son visage. Il se sent suffoquer, et tente de se débattre. Le monde tournoie autour de lui. Vertiges. Nausées. Sa tête sur le point d’exploser… Il sent l’humidité, le sang séché qui se craquelle sur sa joue, l’odeur de pourriture, d’urine et d’excréments… Il entend le bruissement de chaînes raclant sur le sol, et constate que ses poignets sont liés par de lourds fers. Une geôle. Oui, les souvenirs lui reviennent…

En face de lui, Balian Angelus le regarde de haut, un large sourire peint sur son visage. Celui qui a violé et tué sa mère. Son bourreau ? Ce dernier se tourne vers le fond de la pièce. Constantine voit Orcan le toiser de loin, lui aussi, arborant un air satisfait et suffisant. Devant lui, un drap sale est jeté sur une silhouette allongée sur le sol.

« Croyais-tu avoir la moindre chance ? Je savais tout de tes plans. Tes mercenaires ont été capturés par les Merrywood. Je lui ai offert une place dans l’Hégémonie. Il n’a pas pu refuser… Tous les rebelles qui ont participé à ta misérable entreprise pris et exécutés. Et je dois te remercier… »

Il ordonne à un serviteur de retirer le linge. Il lui exhibe le cadavre de Darius. Un petit signe de la main, et un chirurgien arrive avec ses instruments et commence à travailler sur son visage. Il en extirpe un mécanisme. Une caméra.

« Grâce à toi, j’ai pu découvrir toute l’étendue de cette conspiration, et mettre des visages sur mes ennemis. Tu vois ? Ta tentative a parfaitement servi mes plans. Il ne me reste plus qu’à faire taire toute opposition. Alors merci, Constantine Narsès, vas donc pourrir en enfer. »

Orcan sort de la geôle tandis que Balian s’avance, brandissant joyeusement des instruments de torture…

Des heures. Des jours. De torture. De douleur. Des bruits. Des pas dans le couloir. Une clé qui tourne dans une serrure. Une porte qui s’ouvre. Des cris de rage. Une dispute. Orcan, avec un autre homme. Une longue tunique noire… Un prêtre. Orcan fulmine.

« Je ne saurais le tolérer ! »
« Pourtant, c’est la décision du Cardinal. Constantine est sous l’autorité du Ministorum. Il sera jugé par un tribunal ecclésiastique. Et non par vous. »
« Il a tenté de me tuer. C’est un traître, un assassin ! »
« Ce sera à nous d’en juger. »

Le prêtre jette un regard sur Constantine.

« Qu’on l’habille et qu’on le transfère sur notre Nef. Et je vous préviens, Régent. Si un accident fâcheux venait à arriver au prisonnier, vous subirez le courroux de l’Ecclésiarchie. »

L’homme fixe Orcan, puis finit par se détourner et quitter la pièce…

Constantine ne peut s’empêcher de rire. De soulagement, mais aussi devant le caractère cocasse de la situation. Une nouvelle fois, il échappe à la mort… Une nouvelle fois, Orcan est forcé de le laisser s’échapper. Il voit Orcan lui jeter un regard noir, ses traits déformés par la rage. Constantine rit de plus belle. Il vivra. Son rire résonne dans les geôles. Un rire teinté de peine, de douleur et de folie…

1 commentaire:

  1. EDIT : J'ai rajouté la rencontre avec Zek. Désolé, Kai, je t'avais complètement zappé !

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